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Du bon usage de l’Internet documentaire

Le détective de l'Internet
Le détective de l’Internet : Évaluation critique de la qualité d’un document internet

On ne parle plus que du Web social depuis quelques années. Pour autant, cela ne veut pas dire que tout le monde sait utiliser le Web 1.0. Alors que je tentais de sensibiliser mon entourage à propos d’ACTA, l’un de mes interlocuteurs m’a fait remarquer qu’outre les problèmes de droit d’auteur, il connaissait des gens qui prennent au pied de la lettre ce qu’ils lisent sur Internet (“C’est forcément vrai puisque je l’ai vu sur Internet”), et qu’il faudrait peut-être y mettre de l’ordre. Je lui ai répondu qu’on trouve en effet de tout sur la toile, y compris du négationnisme, du créationnisme, des sectes, du conspirationnisme… et même des infos sur la biologie du Dahu 🙂 . Mais que lorsque la télévision nous a présenté en exclusivité l’autopsie de Roswell (Jacques Pradel), personne n’y a cru. Sur Internet, c’est la même chose, il faut savoir faire preuve d’un minimum d’esprit critique :

Internet [nous confronte] à de l’information provenant de sources variées, dont la qualité et la crédibilité sont inégales. Deux compétences s’avèrent essentielles à développer qui sont liées à la pensée critique : la recherche d’informations et le jugement de la qualité des sources repérées. Ces deux compétences vont de pair pour devenir un chercheur informé, compétent et efficace.

Pour tous les citoyens, la question est surtout de savoir faire la différence entre sites dignes de confiance et sites dont les sources sont douteuses. L’autre impératif est de recouper ses sources lorsqu’une information semble surprenante, ou lorsque des chiffres sont avancés.

En fait, rien de neuf par rapport au papier/à la TV, à part la facilité d’accès. Dans le monde papier, aucune source n’est neutre. Prenons l’exemple de la presse d’opinion. A l’extrême gauche on trouve Le Monde diplomatique et l’Humanité. A gauche, Libération, l’Obs ou Alternatives économiques. A droite, Le Figaro ou Les Échos. A l’extrême droite, Rivarol ou Valeurs actuelles. De plus le papier offre lui aussi son lot de parutions douteuses. Ainsi, je ferai toujours plus confiance au Monde qu’à Détective magazine, à Pour la Science qu’à Parasciences. A la télévision, de nombreuses émissions de reportages ont une grande fréquence de sujets racoleurs, ou traités de façon racoleuse, ce qui n’est pas le cas de Envoyé spécial ou des soirées Théma d’Arte. A la radio, je sais à quoi m’attendre avec Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet sur France Inter, et je sais que ce sera différent de Good morning business sur BFM. Enfin, je ne parle pas de la publicité dissimulée sur tous supports, de l’infomercial aux publireportages !

Avec le papier non plus l’information n’est pas présentée de la même façon selon la source. Comparez les Unes d’aujourd’hui mardi, des deux quotidiens ci-dessus. On voit tout de suite quel candidat est soutenu pour chaque journal.

Si je sais faire la distinction, c’est parce que je pratique de longue date. J’ai une culture papier et une culture audiovisuelle qui me permettent de deviner au premier coup d’œil ce qui est digne d’intérêt. Et en toutes circonstances, je garde à l’esprit la phrase, datant de 2004, de Patrick Le Lay, alors PDG de TF1 :

“Ce que nous vendons à Coca Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible”

Sur la toile, c’est exactement la même chose : non aucune source n’est neutre et oui il y a des sites farfelus et de faux sites. Or il est facile de distinguer le bon grain de l’ivraie, quand on sait comment regarder. Cela s’apprend en pratiquant, jusqu’à acquérir… une culture du Web. Il ne s’agit donc pas de mettre de l’ordre dans la toile pour le bien des lecteurs, mais plutôt de promouvoir l’information literacy auprès des citoyens.

Le cyberespace n’est pas un nouvel espace à conquérir. Il n’est pas à coloniser. Il n’est pas à civiliser. (OWNI, Manifeste pour le cyberespace)

On dit qu’Internet n’est pas toujours fiable. Le papier ne l’est pas non plus. Pourtant, en comparant cette Une à celles de l’Huma et du Fig plus haut, la mise en page nous met tout de suite la puce à l’oreille, avant même de lire : “Pour la première fois, un fantôme pris en photo”, c’est une information qu’on ne trouverait pas dans Le Monde. Sur Internet, il y a de même des indices pour évaluer la fiabilité d’une source.

Les quelques adresses qui suivent datent parfois, mais restent utiles aux débutants pour apprendre à se documenter sans se laisser abuser :

  • CERISE : Conseils aux Etudiants pour une Recherche d’Information Spécialisée Efficace
  • REPERE : Ressources Électroniques Pour les Étudiants, la Recherche et l’Enseignement
  • InfoSphère : un outil de formation utile pour développer ses habiletés de base en recherche d’information.
  • Jugement critique : Exercer son jugement critique sur Internet
  • Le détective de l’Internet : Évaluation critique de la qualité d’un document internet
  • CNIL : Vos traces sur Internet

Les adresses ci-dessous datent beaucoup, et n’ont plus qu’un intérêt historique : Qui se souvient de Gopher ou des forfaits au temps d’utilisation? Mais tout n’est pas périmé, à l’instar de la netiquette. C’est avec ces sources que j’ai débuté mon apprentissage d’Internet :

  • GIRI : Guide d’initiation à la recherche dans Internet, CREPUQ (1996)
  • RISI : Recherche d’Information Sur Internet, J.P. Lardy (2001)

… Et en toutes circonstances, je reste conscient que la phrase de Patrick Le Lay est également pertinente sur la toile.

Je suis passé un peu vite sur la seule différence entre papier/radio/TV d’une part et Internet d’autre part : la facilité d’accès. Lorsqu’un chiffre est donné par un journal, qu’une assertion est assénée avec conviction par un invité à la télévision, on est obligé de faire confiance au journaliste. Quand on tombe sur une statistique gratuite sur un site, ou sur une information douteuse en ligne, la facilité d’accès à l’information sur la toile fait qu’il devient possible de recouper différentes sources rapidement.

Ainsi j’ai des doutes sur le Dahu de Camargue. Avec un journal papier qui annoncerait qu’il a été vu et qu’une photo a été prise (la probabilité est à peu près aussi faible que d’avoir une vraie photo de fantôme en p.15, convenons-en), mon choix se résume entre croire ou ne pas croire cette information. Pour me faire une opinion plus objective, il me faudrait me rendre dans la bibliothèque la plus proche et écumer le rayon zoologie durant un après-midi. Le jeu en vaut-il la chandelle pour le sympathique mammifère? En revanche, si je tombe sur la même information sur Internet, rien ne m’empêche de chercher d’autres sources, d’autres sites à propos de la faune de la Camargue pour me faire un avis en moins de dix minutes… et me rendre compte que le mythique animal est surtout connu des moniteurs de colo ! Vous trouvez mon exemple farfelu? Il est pourtant utilisé par Carrefour éducation (Quebec) pour illustrer l’exercice du jugement critique sur Internet. Si le cas du dahu est aussi énorme que celui de l’Asgard de Roswell, lisez ces deux autres exemples, et tentez de déceler les indices permettant de savoir si l’information présentée est fiable :

La toile est aussi un formidable moyen de propagation de rumeurs et de canulars. Le site Hoaxbuster rescence les plus répandus. Ce site propose actuellement un dossier sur le Titanic, à l’occasion du centenaire de son naufrage. La première ressource francophone sur les canulars du Web raille, entre autres… une vidéo de TF1!

Comme le résume Norman, on ne trouve pas tout sur Internet, mais on y trouve de tout. Des choses utiles et d’autres inutiles 😉 ,  :

En résumé, papier, radio, télévision, internet : même combat! Avec un peu d’esprit critique, de bon sens et une longue pratique des différents médias, on débusque les fakes et on repère les sources fiables d’un seul coup d’œil. Les cultures papier, audiovisuelle et numérique font partie d’un tout qui s’appelle… la culture.

Comment voyez-vous Internet? Comme une source intéressante d’information ou comme un ramassis de sources douteuses voire dangereuses? Prenez-vous pour argent comptant tout ce que vous lisez, voyez, entendez sur la toile? Et sur les autres médias?

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